domingo, 27 de setembro de 2015

MARXISME ET ANARCHISME: UNE ANTICRITIQUE


MARXISME ET ANARCHISME: UNE ANTICRITIQUE*
Nildo Viana


Ce texte est une réponse à un article disponible sur Internet, intitulé « Critique de l’anarcho-marxisme – Contre Nildo Viana et la déformation du marxisme » (1), dont le contenu est un des textes critiques publiés au début des années 90 du XXe siècle. Je considère que certaines des thèses qui y sont consignées sont dépassées, car elles furent écrites il y a dix ans et mes idées se sont approfondies au cours de cette période. Je continue de partager la majeure partie des observations faites, c’est pourquoi je dois répondre au texte qui en fait une critique. La lecture de cet article me rappelle la polémique créée autour des livres Marxisme et philosophie, de Karl Korsch, et Histoire et conscience de classe de Georg Lukács. Les deux ont été accusés d’« idéalisme » et d’« hégélianisme » par les Soviétiques au début des années 20 du siècle passé. Lukács, conformément à son tempérament, fit une volte-face et écrivit son « autocritique ». Karl Korsch, un authentique révolutionnaire, n’avait pas peur et écrivit son Anticritique. Me réclamant de la filiation du marxisme révolutionnaire de Korsch, je vais faire mon Anticritique ici aussi. La première critique de Carlos Moreira sur mon prétendu « anarchomarxisme » est que je réalise une « déformation anarchiste du marxisme ». Cependant, pour savoir ce qui peut être considéré comme une déformation du marxisme, il est d’abord nécessaire de dire ce qu’il faut entendre par ce dernier. Certains relativistes défendent la thèse selon laquelle il y a « plusieurs marxismes » et que par conséquent il n’y a pas de déformations (2). D’autres, à leur tour, définissent le marxisme comme un ensemble d’idées fixes révélées dans les écrits de Marx et qui ne peuvent donc pas être modifiées parce que ce serait une « déformation ». Mais comme le capitalisme évolue constamment et que Marx n’avait pas de « boule de cristal », il est devenu nécessaire de compléter la vérité révélée par les écrits de Marx avec les écrits de ses disciples considérés comme « classiques », c’est à dire, par Lénine et Trotsky, en particulier. C’est, pour de tels idéologues, le « marxisme ».

La conception relativiste établit comme critère pour définir ce qu’est le « marxisme » l’auto-désignation. Qui se dit marxiste est un marxiste. La conception bolchevique désigne comme critère la fidélité aux écrits sacrés de Marx, Engels, Lénine et Staline (pour les staliniens) ou Trotsky (pour les trotskystes), c’est-à-dire, les « quatre grands classiques du marxisme ». Le relativiste peut réfuter les bolcheviks comme suit : pour un trotskyste, lecteur « fidèle » de Marx, Engels et Lénine, le stalinisme est une déformation du marxisme et pour un stalinien, lecteur « fidèle » de Marx, Engels et Lénine, le trotskisme est une déformation du marxisme. En un mot, dix personnes peuvent lire Marx et développer dix interprétations différentes et ainsi il n’y a aucun écrit qui donne la définition du marxisme sinon la personne qui le lit. Donc, tous ceux qui se disent marxistes le sont, car il n’y a pas de critère objectif pour le définir (le « marxomètre »). Mais les bolcheviks peuvent rétorquer au relativisme : mais alors, si Mussolini se disait « marxiste », le serait-il ? Selon les bolcheviks, cela n’est pas seulement faux, mais aussi réactionnaire. Il existe un critère pour définir ce qu’est le marxisme et qui peut être considéré comme marxiste. Ce critère, ce sont les écrits de Marx actualisés par Lénine et Trotsky (ou Staline). Voyons ce que dit Lénine : « Celui qui ne connaît que la lutte des classes n’est pas encore un marxiste, il peut encore rester dans le cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Confiner le marxisme à la théorie marxiste de la lutte des classes c’est limiter le marxisme, l’adultérer, le réduire à quelque chose que la bourgeoisie peut accepter. Est marxiste seulement celui qui étend la reconnaissance de la lutte des classes à la reconnaissance de la dictature du prolétariat » (3). Ensuite Lénine en vient à affirmer que seul est marxiste celui qui se sent une profonde admiration pour les « révolutionnaires bourgeois » du passé (...). Les idées de Marx et d’Engels s’inscrivent dans une période historique déterminée, et il est nécessaire de les mettre à jour. Toutefois, différents « marxistes » ont cherché à mettre à jour leur théorie (dans différents domaines académiques tels que l’économie, la philosophie, la géographie, la sociologie, etc. aussi bien que pour ce qui concerne la conception politique proprement dite) et pas seulement Lénine. Il ne suffit pas de dire qu’il est nécessaire de reconnaître la nécessité de la « dictature du prolétariat », il faut aussi définir ce que c’est. La dictature du prolétariat est-elle l’autogestion telle qu’elle a existé dans la Commune de Paris et telle qu’elle est défendue par Marx dans La guerre civile en France ou est-elle la dictature du parti sur le prolétariat telle qu’elle a eu lieu en Russie, et défendue par Lénine ? (4).

La question du parti, de la dictature du prolétariat, entre autres, a reçu diverses « mises à jour » et « approfondissements » par d’innombrables « marxistes » de l’époque de Lénine : Bernstein, Kautsky, Rosa Luxembourg, Korsch, Pannekoek, Lukács, le « jeune Gramsci », le « jeune Trotsky », Boukharine, etc. Il n’y a aucune raison pour que la personne de Lénine soit privilégiée comme « continuateur du marxisme » car ce critère est un critère, mais reste non-marxiste. Ce n’est pas grâce au génie de Marx qu’on doit se revendiquer du marxisme, et cela vaut aussi pour ses épigones et continuateurs. Marx luimême a dit : « Je ne suis pas marxiste », car il a vu que ses thèses ont été déformées (5). Karl Korsch a donné une définition plus cohérente du marxisme : c’est « l’expression théorique du mouvement ouvrier » (6). Par conséquent, le marxisme a dépassé la personne de Karl Marx, même s’il en est la première et la plus importante référence. Ses théories doivent être approfondies, mises à jour et certaines « révisées » dans la mesure où elles continuent à exprimer le point de vue du prolétariat. Il est possible de contester le caractère révolutionnaire du prolétariat et, par conséquent, les idées qui expriment ses intérêts historiques. Mais dans ce cas il n’y a aucune raison de se dire « marxiste ». Reste la question de savoir quel est le critère pour définir qui dispose de l’expression théorique du mouvement ouvrier. Le critère est la pratique. Quelle a été la pratique du bolchevisme ? A quoi a abouti l’application pratique de l’idéologie bolchevique ? Aussi incroyable que cela paraisse, la faillite du capitalisme d’État en URSS ne fut pas suffisante pour que nos léninistes-trotskistes-mandélistes, entre autres, se persuadent que le bolchevisme n’a rien à voir avec le marxisme. Quelle est la relation entre le marxisme et l’anarchisme ? Existe-t-il un anarcho-marxisme ? Comme indiqué précédemment, le marxisme ne peut pas être considéré comme quelque chose d’extérieur à l’histoire et de distinct de la luttes de classes, parce que nous défendons la thèse selon laquelle il est nécessaire d’appliquer le matérialisme historique à lui-même (comme cela fut exposé par Lukács et Korsch). Les idées de Marx et de ses disciples sont le produit historique d’une société qui est fondée sur un mode de production et sur une classe sociale qui est son dépassement et qui constitue un mode de production. Le marxisme est une expression théorique du mouvement ouvrier qui vise à l’établissement de l’autogestion sociale. Il est donc tout à fait superficiel de comparer marxisme et anarchisme en ne prenant en compte que les idées politiques sans tenir compte de leur caractère de classe.

Si le caractère de classe du marxisme est prolétarien, on se demande quel est le caractère de classe de l’anarchisme. Certains « marxistes » ont essayé de le comprendre. Boukharine, par exemple, qualifie l’anarchisme comme d’idéologie du lumpenprolétariat (7). Le « marxisme-léninisme » est l’idéologie du prolétariat et l’anarchisme est l’idéologie du lumpenprolétariat. Cette conception est aussi simpliste que le « matérialisme historique » de Boukharine, ce positivisme travesti en dialectique. Un tel simplisme se révèle, par exemple, lorsqu’on met dans la même barque tout ce qui s’autoproclame anarchisme : l’anarchosyndicalisme, l’anarcho-communisme, l’anarcho-collectivisme, l’anarchoindividualisme, l’anarchisme chrétien, etc. Des penseurs comme Proudhon, Bakounine, Stirner, Kropotkine, Malatesta, Besnard, Joyeux, Tolstoï, Santillan, Reclus, avec toutes leurs différences deviennent des « idéologues du lumpenprolétariat ». Pas moins simpliste est la thèse de Léon Trotsky et d’autres bolcheviks, selon lesquels l’anarchisme est une idéologie petitebourgeoise (8). S’il y a des éléments communs dans les très diverses thèses anarchistes, il y a aussi des éléments différents et même antagonistes. L’anarchosyndicalisme, y compris celui de Joyeux, est une idéologie de la bureaucratie syndicale. En effet, il serait assez amusant d’entendre dire qu’un syndicaliste est un « lumpenprolétaire ». Déjà l’anarchoindividualisme peut être considéré comme une idéologie petite-bourgeoise. En un mot : tout comme le marxisme, l’anarchisme fut approprié par différentes classes ou fractions de classes. Marx était en rapport avec deux penseurs qui ont jeté les fondements de la pensée anarchiste, Proudhon et Bakounine. Les « marxistes » bolcheviks (léninistes, trotskistes, staliniens, etc.) mentionnent seulement les textes dans lesquels Marx les critique, mais jamais les écrits à leur louange (c’est là une « sélection » tendancieuse des textes...). Marx dit sur Proudhon : (...) « Proudhon soumet la propriété privée, base de l’économie politique, à un examen critique, au premier examen catégorique, aussi impitoyable que scientifique, pour cela il réalise un progrès qui révolutionne l’économie politique et rend possible pour la première fois, une véritable science de l’économie politique » (9). Les « marxistes » non-lecteurs de Marx ne se lassent jamais d’exagérer la critique de Marx contre Proudhon que l’on trouve dans Misère de la philosophie. Les relations entre Marx et Bakounine furent très difficiles et conflictuelles, bien que Marx fût plus proche de Bakounine que de Proudhon sur certains points, principalement en ce qui concerne la question de la révolution (10).

Les idées de Bakounine et de Proudhon ne sont pas si éloignées de celles de Marx, quoi que veuillent nous faire croire les non-lecteurs de ces trois penseurs. Les œuvres de Proudhon et de Bakounine présentent une critique fondamentale de la société capitaliste et une anticipation précieuse de la société communiste. Sans doute, ils sont aussi les initiateurs de la critique de la bureaucratie comme Marx, bien que ce dernier n’ait pas accordé la même importance que Proudhon et Bakounine à cette question. La théorie de la révolution de Proudhon et Bakounine laisse à désirer, et c’est dû en partie au fait que le mouvement syndical dans les pays où ils travaillaient n’avait pas encore pris leur plein développement et aussi parce qu’ils ne comprenaient avec la même netteté que Marx le processus de production et de reproduction du capital et la dynamique de la lutte ouvrière dans ce processus. Marx développa la théorie de la révolution prolétarienne en s’appuyant sur la nation capitaliste la plus avancée de son époque : l’Angleterre. Cette analyse est cohérente avec le matérialisme historique et non pas avec ceux qui se contentent de dire que « la critique de la politique » est une « caractéristique de l’anarchisme » et la « critique de l’économie politique » est une caractéristique du marxisme. De même, on peut affirmer métaphysiquement que la croyance en Jésus-Christ est une caractéristique du christianisme et que la non-croyance en sa venue est une caractéristique du judaïsme et que, par conséquent, ces deux opinions religieuses sont inconciliables. Ainsi, l’histoire est abolie et, avec elle les éléments communs de ces deux conceptions, ne laissant que les différences et l’impossibilité de la conciliation. Ainsi, on nie l’anarchisme en bloc, ce qui a des effets désastreux sur la pratique politique. En outre, ce procédé est généralement non-marxiste, car il ne prend en considération que la conscience des personnes, et ne juge pas un individu par la conscience qu’il a de lui-même et, dans cette approche non-marxiste, les paroles sont suffisantes. Ainsi, la relation entre le marxisme et l’anarchisme est assez complexe. Le marxisme authentique et l’anarchisme révolutionnaire ne sont pas contradictoires et certains courants autoproclamés « marxistes » ou « anarchistes » sont les expressions politiques de classes sociales ou de fractions de classes qui nient le prolétariat ou qui, dans certains cas, suscitent des divergences graves, créant un antagonisme soit contre le marxisme authentique soit contre l’anarchisme révolutionnaire. Toutefois, l’attachement exagéré à la tradition ainsi que les malentendus et les différences de langue provoquent des conflits entre le marxisme authentique et l’anarchisme révolutionnaire. Mais le conflit majeur se situeen fait entre le bolchevisme, déformation du marxisme, et l’anarchisme révolutionnaire, comme dans le cas de la révolution russe, qui a provoqué l’effusion de sang des révolutionnaires authentiques, décimés par la bureaucratie pseudomarxiste. Trotsky, idole de Carlos Moreira, par exemple, a été l’un des principaux responsables du massacre des paysans en Ukraine et des marins de Cronstadt. Il reste à parler de l’« anarcho-marxisme », un concept qui m’a été attribué par Carlos Moreira. Je n’ai rien contre l’utilisation de nouvelles expressions pour désigner des concepts ou toute autre chose mais, en revenant aux principes du matérialisme historique, si les concepts sont l’expression de la réalité, alors de nouveaux concepts doivent être l’expression de nouvelles réalités. Sinon, de nouveaux concepts ne sont pas indispensables, étant simplement des manifestations d’érudition pour ceux qui sont friands de « nouveautés », et, tout comme le marché capitaliste, l’érudition a besoin de « modes » pour encourager la consommation littéraire. Le concept d’« anarcho-marxisme » exprime-t-il une réalité nouvelle ? Bien sûr que non. Les thèses des communistes de conseil et de Rosa Luxembourg sont différentes des conceptions anarchistes, mais il y a des similitudes. Ici la stratégie est déjà différente : on cherche à souligner les différences et pas les similitudes, mais on y reviendra plus tard. Il existe déjà un nom pour décrire ces thèses : le conseillisme et le luxembourgisme. En ce qui concerne Daniel Guérin, Pierre Ansart, Eric Vilain, qui cherchent à unir le marxisme et l’anarchisme, ils se disent déjà « marxistes libertaires », « socialistes libertaires » (au moins dans le cas de Guérin) et les désigner comme identiques à Rosa Luxemburg et aux communistes conseillistes signifie masquer les différences pour faire ressortir les similitudes. Carlos Moreira reconnaît lui-même la différence quand on parle de l’anarcho-marxisme qui vient du camp « anarchiste » et de l’anarchomarxisme qui vient du camp marxiste. Dans un premier temps nous avons la différence absolue entre le marxisme et l’anarchisme, ensuite similitude absolue. Dès lors, nous avons la clé pour comprendre cette entreprise intellectuelle : Marx est radicalement différent des anarchistes (de même que Lénine, Staline, Trotsky...), et les conseillistes, Rosa Luxembourg, etc. sont très similaires à l’anarchisme ; ce qui signifie, en raison de la différence radicale entre Marx et les anarchistes, que les marxistes qui se rapprochent d’eux sont plus anarchistes que marxistes.

Carlos Moreira décrit ce qu’il considère comme les « fondements politiques de l’anarcho-marxisme » et dit qu’il va démontrer qu’ils sont présents dans mes textes et qu’il va les réfuter. Le premier point est l’« union des conceptions anarchistes et marxistes ». Si l’anarcho-marxisme est un courant politique qui a cette base, il faut le prouver. Dans les écrits de Rosa Luxemburg et des conseillistes, on ne voit rien de tout cela, d’ailleurs, Carlos Moreira ne cite aucun texte de ceux qu’il critique, ce qui nous fait penser qu’il est un non-lecteur de Rosa Luxembourg et des communistes de conseils et qu’il fonde sa critique sur des sources de seconde main. Une telle critique perd sa valeur parce que les sources, en plus d’être secondaires, sont faites pour des opposants politiques qui présentent les aspects choisis par eux dans le but explicite de les critiquer. C’est une critique qui se fonde sur une critique déjà réalisée et ses défaillances possibles ne sont pas prises en considération puisqu’il n’y a pas d’accès aux sources primaires. Quant à ma tentative d’unir le marxisme et l’anarchisme, Carlos Moreira ne prouve pas une telle affirmation, car la simple positivité que, selon lui, je vois dans l’anarchisme, ne signifie pas, en soi, une tentative d’unifier les deux courants. La critique de la politique qu’il dit avoir retirée de l’anarchisme a été, en vérité, le produit de la lecture des auteurs marxistes (Rosa Luxemburg, Marx, Pannekoek, Robert Michels, João Bernardo, etc.) aussi bien que de la pratique politique et de l’observation de la réalité et surtout des valeurs et de tout ce qui constitue ma perspective théorique. Bien sûr, Guérin, Bakounine et d’autres anarchistes ont également contribué à cette « critique de la politique » – ou plutôt à cette critique de la bureaucratie –, mais cette contribution a été assimilée par la perspective marxiste, insérée dans le contexte du matérialisme historique. Une autre caractéristique de l’anarcho-marxisme, selon Carlos Moreira, est la spontanéité fondée sur l’économisme. Encore une fois, l’auteur ne prouve pas sa déclaration par une comparaison avec les écrits de Rosa Luxemburg et le communiste de conseils. Selon lui, je reproduis cette conception en affirmant que la classe ouvrière est révolutionnaire par sa condition économique de classe. Toutefois, cette affirmation n’existe pas dans les textes cités. Je n’ai jamais dit que le prolétariat est révolutionnaire par sa condition « économique » de classe mais par sa condition de classe, ce qui est très différent, car cela va au-delà des limites étroites de la répartition idéologique de la réalité en éléments isolés – procédé typique de la division capitaliste du travail intellectuel – qui sont réifiés et désignés comme des réalités autonomes, produisant ainsi la réalité « économique », « politique », « sociale », « culturelle », « linguistique », etc.

Dire qu’une classe est révolutionnaire pour des raisons économiques c’est donner l’impression que le problème est le salaire, le niveau de revenu. Il s’agit d’un concept bourgeois. La lutte ouvrière est une lutte contre le travail salarié, contre l’organisation capitaliste du travail, contre l’Etat capitaliste, contre l’idéologie dominante, etc. et ce, à l’intérieur et à l’extérieur des usines. Les travailleurs ne sont pas des agents du processus mécanique de production, mais des êtres humains qui ont un ensemble de besoins et de potentialités réprimés par les besoins du capital. Le prolétariat est, dans le processus de travail, la négation de sa réalisation en tant qu’être actif et téléologique, l’impossibilité de l’objectivation en raison du processus d’aliénation. La lutte des classes dans la production implique non seulement le salaire et le niveau de revenu, mais la santé mentale, la culture, la lutte contre l’exploitation, la résistance quotidienne au capital et à sa soif de profits qu’engendre l’incessante poursuite de l’augmentation de l’exploitation. Cette lutte est complétée, dans la société civile, à travers les organisations de travailleurs, de culture ouvrière, de résistance et de lutte dans les domaines culturel et organisationnel. Les ouvriers sont des êtres humains qui ont un ensemble de besoins et potentiels qui sont niés et réprimés par les rapports de production capitalistes et par la sociabilité bourgeoise. Par conséquent, il n’y a aucun « l’économisme » dans ma conception. La troisième caractéristique de l’anarcho-marxisme est la négation du rôle du parti d’avant-garde et du syndicat. Cette fois, Carlos Moreira a frappé. L’idéologie de l’avant-garde est une idéologie de la bureaucratie (syndicats et partis politiques) et se fonde sur une conception positiviste. Cette conception a été critiquée par Luxembourg, le « jeune Trotsky », par Pannekoek, et bien d’autres. Les expériences historiques prouvent la véracité de la critique et le caractère anti-prolétarien et anticommuniste de ces idéologies avant-gardistes. La négation du parti d’avant-garde, selon Moreira, est justifiée par l’identification entre le bolchevisme et le stalinisme, ce qui conduit à rendre le premier responsable du second, c’est-à-dire de la déformation du « socialisme » de l’Union soviétique. Par ailleurs, la quatrième caractéristique de l’anarcho-marxisme est le « déni de l’expérience socialiste et de la révolution bolchevique ». Le « parti d’avant-garde » ne devint pas contre-révolutionnaire qu’en URSS, mais aussi dans d’autres expériences historiques, dites « socialistes » ce qui explique que nous les récusions. En outre, la justification de notre « trotskiste-mandéliste » pour la déformation du socialisme en URSS est tout simplement l’économiciste, en ce sens que ce sont des facteurs économiques (au sens bourgeois du mot, c’est-à-dire, le retard « économique » de la Russie ) qui a conduit à la « bureaucratisation » de l’URSS (en fait, l’instauration du capitalisme d’Etat). Ernest Mandel, la référence citée par Moreira, non seulement fait une analyse économiciste de l’URSS pour tenter de le justifier la stratégie trotskiste – faire la révolution dans un pays qui n’était pas « mûr » pour le socialisme – déclarant que « le monde était mûr pour le socialisme » comme il est dit dans l’Écriture sacrée d’Engels, l’Anti-Dühring, où celui-ci a déclaré qu’au XIXe siècle le monde était mûr pour le socialisme. Car il ne se passe pas d’un argument d’autorité, comme si Engels était le propriétaire cela n’a aucune validité politique ou théorique. Mandel ne fait aucune analyse de l’économie mondiale pour prouver la déclaration d’Engels (le capitalisme était mûr pour le socialisme au 19e siècle) ou sa propre affirmation (capitalisme a mûri pour le socialisme du 20e siècle). 

Carlos Moreira, avec une admirable simplicité, ajoute : « par conséquent, dire que le bolchevisme est responsable de la déformation du socialisme soviétique c’est abandonner la méthode du matérialisme historique, car c’est seulement possible en séparant les conditions subjectives des conditions objectives et attribuer ainsi le « blâme » au premier »(11). Je pourrais, en utilisant le langage léniniste sur les « conditions objectives et subjectives », inverser la déclaration : c’est Carlos Moreira qui sépare les « conditions objectives » des « conditions subjectives », car il autonomise le subjectif – le bolchevisme – et ainsi l’exempte de toute responsabilité et met tout le blâme sur les « conditions objectives » également autonomisées qui existent et se développent sans l’action humaine (la lutte des classes, l’action culturelle). Je n’ai pas fait de séparation entre « conditions objectives et subjectives » – deux constructions, de faux concepts, produits du positivisme léniniste – car dans un précédent écrit j’avais dit, et même Moreira cite ce passage, que « le bolchevisme est une expression idéologique du retard de la Russie tsariste ». Ce fut l’union des « conditions subjectives » (bolchevik) et les « conditions objectives » (retard de la Russie) qui, avec d’autres déterminations moins importantes, conduisit à la formation du capitalisme d’Etat russe comme « le béton est le résultat de ses multiples déterminations » (12). La détermination fondamentale de la constitution de l’Etat capitaliste en Russie, cependant, a été le bolchevisme. Moreira « rejette » la théorie du capitalisme d’Etat en URSS en disant qu’il n’y règne pas la loi de la valeur et en tant que telle n’existe pas, cette thèse est « totalement erronée ». Notre trotskyste-mandéliste complète en nous renvoyant encore à Mandel. Il ne suffit pas d’affirmer qu’en URSS ne prédomine pas la loi de la valeur, il faut aussi étayer cette affirmation. Si Mandel affirme également (toujours sans argumenter) que la loi de la valeur ne prédomine pas en Union soviétique, cela ne lui donne pas le caractère de vérité (13). Comme il n’y a pas d’espace pour prouver que la loi de la valeur prédomine dans la société soviétique, je me limiterai à indiquer deux auteurs qui affirment cela et le prouvent : Charles Bettelheim, La lutte des classes en URSS, et John Bernard, dans Pour une théorie du mode production communiste, entre autres (14). 

La cinquième caractéristique de l’anarcho-marxisme est l’identification entre le communisme et l’autogestion, et complétée par les sixième et septième caractéristiques, à savoir : la négation de la nécessité d’une « période de transition » et d’un « Etat de transition » entre le capitalisme et le communisme. Il n’y a pas le moindre doute que le communisme c’est l’autogestion. Les expériences historiques qui définissent la période de transition et l’Etat de transition sont en fait des produits de la contrerévolution bureaucratique et que le mouvement ouvrier a montré que entre le capitalisme et le communisme aucune « étape de transition » n’est nécessaire. Le concept d’une « phase de transition » est un concept idéologique et dans la pratique il ne sert qu’à reproduire le capitalisme sous une forme étatique ou à créer un « mode de production bureaucratique » parce qu’il nie formellement ou essentiellement le mode de production capitaliste, mais n’affirme pas le mode de production communiste. L’autogestion ne sera pas instaurée dans un laboratoire, une entreprise isolés, selon la critique de Gérard Bloch. C’est exact. L’autogestion commence dans des endroits déterminés avec le déclenchement du processus révolutionnaire, mais seulement si cela se concrétise par sa généralisation dans la société tout entière, c’est à dire avec la fin de ce processus. Ainsi, la critique de Bloch est équivoque, parce que dans la période révolutionnaire, on crée une autogestion partielle, formant un « double pouvoir », et c’est seulement avec sa généralisation à toutes les relations sociales et avec comme conséquence l’abolition de l’État qu’on réalise l’objectif de la révolution prolétarienne et qu’on établit l’autogestion généralisée. La huitième fonction de l’anarcho-marxisme est le « refus de toute forme de participation à la démocratie bourgeoise ». Cette affirmation de notre trotskyste-mandéliste est fausse parce que j’ai moi-même affirmé cecidans le texte qu’il cite : « La lutte de la gauche doit se mener contre le capitalisme et « sa » démocratie. Cela ne signifie pas qu’il faut abandonner définitivement tout type de participation à cette « démocratie ». Mais cette participation doit être subordonnée aux intérêts de classe du prolétariat et vise donc à développer les principales contradictions du capitalisme et à mettre en évidence le programme communiste. Toutefois, il devrait être clair que la participation ou la « non-participation », ainsi que ses formes, dépendent principalement de la conjoncture historique et de la structure économique, politique et culturelle de chaque pays » (15). Par conséquent, Moreira invente une affirmation qui n’est pas dans le texte. Pourtant, aujourd’hui, je considère inutile et indésirable toute participation directe à la démocratie bourgeoise, en particulier l’élection. Je suis beaucoup plus proche de l’anarchisme aujourd’hui qu’à l’époque, ainsi que du conseillisme. La critique que Carlos Moreira fait de la dernière caractéristique de l’anarcho-marxisme – la sélection des œuvres de Marx et Engels et des théoriciens acceptables pour la doctrine – est dénuée de sens. Un auteur écrit des choses avec lesquelles il peut lui-même être en désaccord plus tard, c’est-à-dire, qu’il « choisit » lui-même ses écrits. Toute lecture est « sélective », en particulier en ce qui concerne un auteur du 19e siècle, qui a abordé des questions nombreuses et complexes. La sélection que notre trotskyste-mandéliste affirme que je fais des textes de Marx – selon lui j’utilise les écrits de jeunesse et les écrits « économiques » de la maturité – n’est pas valable car j’utilise d’autres écrits de Marx, considérés comme « historiques » et « politiques » de maturité et ma thèse est précisément l’unité de la pensée de Marx (16). En effet, c’est Carlos Moreira qui sélectionne les écrits du « Marx de la maturité » et qui refuse ceux du « jeune Marx » qui, selon lui, sont les préférés des « marxistes idéalistes ». Si je sélectionne ceux d’autres théoriciens que j’utilise, Carlos Moreira fait la même chose (au point qu’il nie les contributions des anarchistes, des staliniens, des réformistes et des « anarcho-marxistes ») et cela signifie que ce n’est pas seulement ma caractéristique exclusive, mais celle de tous les penseurs et des militants politiques. Par conséquent, une telle critique est également vide de sens. La critique mandélienne de la thèse d’Erich Fromm, un autre exemple de sélection de textes est, encore, économiciste. L’affirmation selon laquelle Marx a abandonné l’idée d’une nature humaine aliénée est équivoque, mais la plus grande équivoque réside dans l’affirmation que dans Le Capital le concept d’aliénation renvoie à la « mutilation de l’ouvrier », c’est-à-dire, une forme historique d’aliénation. Cela signifie une réduction de l’ouvrier àla simple « condition ouvrière ». Le capital transforme le travailleur en un simple « vendeur de force de travail », en une catégorie « économique », et Lénine, Trotsky, Mandel et Moreira élaborent l’idéologie qui le limite à la condition de marchandise, de chose. La réification réelle de l’ouvrier est réalisée par le capital et est renforcée par sa réification idéologique réalisée par les « communistes ».

Ernest Mandel fait une terrible confusion : « Si l’aliénation véritablement, est fondée sur la nature du travail et si celui-ci est indispensable à la survie de l’homme – comme Marx précisera plus tard dans une lettre à Kugelmann – alors l’aliénation ne sera jamais surmontée » (17). Tout d’abord, Mandel dit clairement qu’il veut la fin de l’aliénation, mais si elle est fondée sur le travail, et cela est indispensable, alors l’aliénation ne sera jamais surmontée. Mandel semble suggérer la solution suivante : faisons comme si l’aliénation n’a rien à voir avec la « nature du travail » et adaptons ainsi la réalité à notre volonté, car ainsi nous « résolvons » (en imagination) le problème. En second lieu, Marx et Fromm disent que toutes les formes d’aliénation ont leur fondement dans l’aliénation du travail. Cela signifie que le fondement de l’aliénation est le travail (aliéné). Le travail salarié est un travail aliéné. Cependant, tout travail n’est pas aliéné. Si nos non-lecteurs (ou mauvais-lecteurs comme Mandel) de Marx avaient lu les Manuscrits de Paris, ils sauraient qu’ils séparent le travail en tant qu’objectivation du travail en tant qu’aliénation (18).

Notre trotskyste-mandéliste affirme que j’ai tiré la métaphore de Heine sur le cas de Marx d’un texte de l’anarchiste Alexander Skirda. Bien que je connaissais cette utilisation et une autre de Guérin, ce n’est pas de là que me vint l’idée. Moreira affirme qu’« il est symptomatique que j’utilise l’ironie tirée d’une série d’articles rancuniers et calomniateurs de Marx. L’anarchomarxisme ne sera jamais complètement marxiste » (19). Utiliser le sarcasme d’un anarchiste est le symptôme d’une maladie, celle de ne pas être « totalement marxiste ». Si être « totalement marxiste » c’est être dénué de critique et être opposé à l’ironie, je préfère ne pas l’être. Mais en fait, j’ai pris cette métaphore de Heine chez l’un des « quatre grands classiques du marxisme », très aimé de nos « trotskistes-mandélistes ». Elle a été prise chez Friedrich Engels : « Tous ces messieurs font du marxisme, mais du même type que celui vous avez rencontré en France il y a dix ans, quand Marx disait à ce sujet : “Tout ce que je sais, c’est que je nesuis pas marxiste 1 !” et, probablement il dirait de ces messieurs ce que Heine disait de ses imitateurs : “J’ai semé des dragons et récolté de puces” (20). On voit qu’il n’y a ni maladie ni symptôme. Ce qui existe ce sont des puces provenant de dragons.

La critique générale l’anarcho-marxisme faite par notre mandélistetrotskiste, c’est que sa conception politique aboutit à l’immobilisme politique. La théorie et la pratique de Rosa Luxembourg et des communistes de conseil, entre autres représentants du marxisme authentique, démontre l’erreur de ces affirmations. Sur la question de l’efficacité, nous devons reconnaître que le léninisme et ses dérivés ont été efficaces à certains moments, mais pour accomplir la contre-révolution. Le conseillisme n’est pas avant-gardiste et ne peut donc pas et ne devrait pas avoir l’efficacité comme critère fondamental, surtout si on se rappelle que son principe est le même que celui désigné par Marx : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre les travailleurs eux-mêmes. Le conseillisme, avec toutes les tendances révolutionnaires, n’est jamais plus efficaces que lorsque le mouvement ouvrier se lève et s’autonomise, se débarrassant de son « avantgarde », et c’est dans ces moments historiques qu’il devient plus fort et se fond avec le mouvement réel de travailleurs. Pour terminer, je vais faire une critique générale de notre trotskystemandéliste. Utiliser des thèses conservatrices comme celles du parti d’avant-garde, de la période de transition, de l’Etat ouvrier, de la conscience de classe qui vient de l’extérieur, entre autres, c’est adhérer à l’idéologie de la bureaucratie. Cela signifie abandonner la perspective du prolétariat et réaliser une véritable « déformation du marxisme ». Je peux aussi dire que le trotskisme-mandéliste est supérieur au stalinisme et au réformisme, mais ce n’est pas suffisant. En outre, utiliser les thèses de Trotsky, c’est la même chose que tenter de faire revivre des « pièces de musée ». Une dernière critique : les neuf caractéristiques que Carlos Moreira attribue à l’« anarchomarxisme » sont présentes, pour la plupart, chez Daniel Guérin, mais paschez les autres qu’il cherche à critiquer sans savoir (Luxembourg, les communistes de conseil). Ainsi, on ne peut pas dire que ces derniers peuvent être considérés comme anarcho-marxistes. Il est nécessaire de respecter les différences et d’éviter les erreurs et les injustices, et pour cela il est essentiel de s’appuyer sur les sources. Il existe bien, sans doute, un anarcho-marxisme, qui est celui de Guérin et d’autres, mais ce n’est pas mon cas ni celui de Rosa Luxembourg et des communistes de conseil. Par conséquent, toute critique de Luxembourg et/ou du conseillisme devrait aller au-delà de la simple comparaison avec l’anarchisme et au-delà de la volonté de les discréditer en raison de leurs similitudes, réelles ou supposées (celles existant réellement ou celles inventées par nos idéologues). Cela, Carlos Moreira ne le fait pas. Il nous reste encore à espérer l’autocritique de Carlos Moreira et sa reconnaissance que le trotskisme n’est qu’une déformation du marxisme. Mais la critique de Moreira a aussi un aspect positif, qui est de montrer la nécessité d’une discussion sur les relations entre le marxisme authentique et l’anarchisme révolutionnaire, qui toujours s’unissent dans les périodes révolutionnaires. Maintenant, nous pouvons seulement espérer que les éclaircissements de ce texte servent à faire avancer la compréhension du véritable caractère du marxisme.

NOTES 

1. MOREIRA, Carlos. Crítica ao Anarcho-Marxismo. Contra Nildo Viana e a Deformação do Marxismo. In : http ://www.polemos.hpg.com.br/moreira01.html acessado em abril de 2003.
2. NETTO, José Paulo. O Que é Marxismo. São Paulo, Brasiliense, 1981.
3. LÊNIN, W. O Estado e a Revolução. São Paulo, Global, 1987, p. 79.
4. Cf. MARX, Karl. A Guerra Civil na França. São Paulo, Global, 1986 ; LÊNIN, W. Estado, Ditadura do Proletariado e Poder Soviético. Belo Horizonte, Oficina de Livros, 1988 ; BRINTON, Maurice. Os Bolcheviques e o Controle Operário. Porto, Afrontamento, 1977.
5. Um dos primeiros deformadores foi Kautsky, inspirador de Lênin...
6. KORSCH, Karl. Marxismo e Filosofia. Porto, Afrontamento, 1977.
7. BUKHÁRIN, N. Tratado de Materialismo Histórico. Rio de Janeiro, Laemmert, 1970.
8. BLOCH, Gerard & TROTSKY, Leon. Marxismo e Anarquismo. São Paulo, Kairós, 1981.
9. MARX, Karl. Proudhon. In : MARX, Karl & ENGELS, Friedrich. A Sagrada Família. Lisboa, Presença, p. 47. Sobre as relações políticas e teóricas entre Marx e Proudhon veja : MOTTA, Fernando P. Burocracia e Autogestão. São Paulo, Brasiliense, 1981.
10. GUILLERM, Alan & BOURDET, Yvon. Autogestão : Mudança Radical. Rio de Janeiro, Zahar, 1976.
11. MOREIRA, C. ob. cit.
12. Cf. MARX, Karl. Contribuição à Crítica da Economia Política. 2ª edição, São Paulo, Martins Fontes, 1983 ; VIANA, Nildo. Escritos Metodológicos de Marx. 2ª edição, Goiânia, Edições Germinal, 2001 ; VIANA, Nildo. A Questão da Causalidade nas Ciências Sociais. Goiânia, Edições Germinal, 2001.
13. MANDEL, Ernest. Além da Perestroika. 3ª edição, Rio de Janeiro, Busca Vida, 1989.
14. BETELHEIM, Charles. As Lutas de Classes na URSS. 2 vols. Rio de Janeiro, Paz e Terra, 1979 ; BERNARDO, João. Para Uma Teoria do Modo de Produção Comunista. Porto, Afrontamento, 1975 ; cf. também : VIANA, Nildo. O Capitalismo de Estado da URSS. Revista Ruptura. Ano 01, nº 01, maio de 1993. Mais pour ne pas penser que seuls les critiques du capitalisme d’Etat affirment l’existence de la « loi de la valeur » dans les pays qui vivent sous ce régime, il suffit de considérer la production de ses idéologues (cf. entre autres : SUNG, Kim Il. Teoria da Construção Econômica do Socialismo. Lisboa, Edições Maria da Fonte, 1976), parce que leurs idéologies cherchent à justifier explicitement la permanence de la « loi de la valeur » dans le « socialisme ».
15. VIANA, Nildo. A Democracia Burguesa como Valor Universal. Brasil Revolucionário. Ano 2, nº 8, abril de 1991, p. 16
16. Cf. VIANA, Nildo. Do “Jovem Marx” ao “Marx da Maturidade”. Teoria & Práxis. Nº 03, Novembro de 1991.
17. MANDEL, Ernest. A Formação do Pensamento Econômico de Karl Marx. Rio de Janeiro, Zahar, 1968, p. 169.
18. MARX, K. Manuscritos Econômicos-Filosóficos. In : FROMM, Erich. Conceito Marxista do Homem. 8ª edição, Rio de Janeiro, Zahar, 1983.
19. MOREIRA, C. ob. cit.
20. ENGELS, Friedrich. Carta a Paul Lafargue. In : MARX, Karl & ENGELS, Friedrich. Sobre Literatura e Arte. 4a edição, São Paulo, Global, 1986, p. 37.




* Traduction par Eric Vilain. Les notes sont en fin de chapitre. Nous avons conservé les références bibliographiques en langue portugaise.

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